mardi, juin 13, 2017

Nourriture


La vie s’écoule dans l’espoir pour demain,
D’une manière inconsciente, elle se hâte vers les troubles.
Ton propre temps, sache-le, c’est le présent ;
Considère-le : dans quelle folie il se passe !
La vie est gaspillée, tantôt pour la bourse, tantôt pour la coupe ;
A chacun de nos souffles, nous la perdons.
La mort emmène les êtres, un par un,
Et la crainte qu’elle inspire fait pâlir le sage.
La mort reste debout, dans le chemin, à l’affût,
Tandis que le seigneur sort se promener à la campagne.
La mort est plus proche de nous que notre conscience :
La conscience insouciante, dans quelles régions erre-t-elle ?
Ne nourris pas ton corps : le corps est une victime à immoler ;
Nourris ton coeur : le coeur s’élève vers les hauteurs.
Donne moins de mets choisis à cette charogne,
Car celui qui nourrit son corps se déshonore.
Donne à ton esprit des aliments délicieux, par la sagesse
Afin qu’il devienne fort, car c’est là-bas qu’il s’en va…


Jalâl ud-Dîn Rumî  -  Ode Mystique 823

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