jeudi, janvier 27, 2011

Oiseaux blancs et Oiseaux noirs


Les hommes sont, les uns par rapport aux autres, comparables à des murs situés face à face. Chaque mur est percé d'une multitude de petits trous, où nichent des oiseaux blancs et des oiseaux noirs. Les oiseaux noirs, ce sont les mauvaises pensées et les mauvaises paroles. Les oiseaux blancs, ce sont les bonnes pensées et les bonnes paroles.

Les oiseaux blancs, en raison de leur forme, ne peuvent entrer que dans des trous d'oiseaux blancs; et il en va de même pour les oiseaux noirs qui ne peuvent nicher que dans des trous d'oiseaux noirs. Maintenant, imaginons deux hommes qui se croient ennemis l'un de l'autre. Appelons-les Youssouf et Ali.

Un jour, Youssouf, persuadé que Ali lui veut du mal, se sent empli de colère à son égard et lui envoie une très mauvaise pensée. Ce faisant, il lâche un oiseau noir et, du même coup, libère un trou correspondant. Son oiseau noir s'envole vers Ali et cherche, pour y nicher, un trou vide adapté à sa forme. Si, de son côté, Ali n'a pas envoyé d'oiseau noir vers Youssouf, c'est-à-dire s'il n'a émis aucune mauvaise pensée, aucun de ses trous noirs ne sera vide. Ne trouvant pas où se loger, l'oiseau noir de Youssouf sera obligé de revenir vers son trou d'origine, ramenant avec lui le mal dont il était chargé, mal qui finira par ronger et détruire Youssouf lui-même.

Mais, imaginons que Ali a, lui aussi, émis une mauvaise pensée. Ce faisant, il a libéré un trou où l'oiseau noir de Youssouf pourra entrer afin d'y déposer une partie de son mal et y accomplir sa mission de destruction. Pendant ce temps, l'oiseau noir de Ali volera vers Youssouf et viendra loger dans le trou libéré par l'oiseau noir de ce dernier. Ainsi les deux oiseaux noirs auront atteint leur but et travailleront à détruire l'homme auquel ils étaient destinés.

Mais une fois leur tâche accomplie, ils reviendront chacun à leur nid d'origine, car il est dit : "Toute chose retourne à sa source." Le mal dont ils étaient chargés n'étant pas épuisé, ce mal se retournera contre leurs auteurs et achèvera de les détruire. L'auteur d'une mauvaise pensée, d'un mauvais souhait ou d'une malédiction, est donc atteint à la fois par l'oiseau noir de son ennemi et par son propre oiseau noir, lorsque celui-ci revient vers lui.
La même chose se produit avec les oiseaux blancs: si nous n'émettons que des bonnes pensées envers notre ennemi alors que celui-ci ne nous adresse que de mauvaises pensées, ses oiseaux noirs ne trouveront pas de place où loger chez nous, et retourneront à leur expéditeur. Quant aux oiseaux blancs porteurs de bonnes pensées que nous lui aurons envoyés, s'ils ne trouvent aucune place chez notre ennemi, ils nous reviendront chargés de toute l'énergie bénéfique dont ils étaient porteurs.

Ainsi, si nous n'émettons que de bonnes pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre dans notre être. C'est pourquoi il faut toujours bénir, et ses amis, et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour accomplir sa mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée.

Tierno Bokar


Si quelqu'un dit du bien d'autrui, ce bien et ces louanges lui reviennent.
En réalité, il les dit pour lui-même.
Quelqu'un a planté autour de sa maison une roseraie et des fleurs.
A tout moment, son regard est fixé sur les roses et les fleurs.
Il est au Paradis.
On apprend à aimer celui dont on dit du bien.
Et on apprend à détester celui dont on dit du mal.
A son souvenir on n'imagine que scorpion, serpent, épines et broussailles.
Sois bon pour toutes les créatures, pour l'amour de Dieu,
Ou bien pour la tranquillité de ta propre âme
Afin que tes yeux voient toujours l'Ami
La haine ne doit pas entrer dans ton cœur.


Jalâl Ud-Din Rûmi - Fihi ma Fihi



Peur


La peur est sans cause. Elle est imagination, et elle vous bloque tout comme un piquet de bois peut bloquer une porte. Brûlez ce piquet…


Jalâl ud Dîn Rumî

mercredi, janvier 26, 2011

Chaîne


 La raison est la chaîne
Des marcheurs, ô mon fils
Libére toi d'elle, la voie
Est visible, ô mon fils!

La raison est la chaîne
Le coeur est le trompeur
Et la vie est le voile
Le chemin est caché
De ces trois, ô mon fils!

Jalâl ud Dîn Rumî -  Diwan


Si l'intellect peut être un moyen pour connaître le monde sensible, il est par contre incapable de connaître sa propre essence, on ne peut s'y baser pour percevoir les réalités de l'au-delà. Cette dernière ne peut être perçue que par la méthode du "dhawq" (connaissance intuitive).

Si l'intellect a un rôle important à jouer, celui-ci doit être guidé et encadré par la loi religieuse pour éviter toute déviation.

Cheikh Ahmad Al Alawi


Au delà de l’intellect s’étend un autre domaine, une faculté nouvelle de vision  qui permet de voir ce qui est caché, ce qui arrivera dans l’avenir, et bien d’autres choses encore, aussi étrangères à l’intellect que le sont les connaissances rationnelles au discernement, et celui-ci à la perception des sens. Devant les objets connus par la raison, celui qui n’est qu’à l’âge du discernement se rebiffe et les trouve invraisemblables. De même, certaines personnes restées au stade de l’intellect ont rejeté, comme invraisemblables, ce qu’elles apprenaient du domaine prophétique. Cette attitude est ignorance pure. Ces sceptiques, n’étant pas arrivés eux-mêmes au stade supra-rationnel (qui n’existe donc pas pour eux), en concluent qu’il n’existe pas du tout.

Al Ghazâlî - la délivrance de l'erreur


Celui qui, ayant soif de Dieu, prend la raison pour guide, elle le mène paître dans une perplexité où elle le laisse s'agiter. Ses états de conscience s'y fanent, dans l'équivoque, et il se dit, perplexe: «Existe-t-Il ?»
Mansûr Al Hallaj


« La raison ne peut voir l’état réel du monde, de même que l’aveugle né ne peut voir les choses de ce monde ;
mais, outre la raison, l’Homme possède une certaine faculté
grâce à laquelle il perçoit les mystères cachés.
Comme le feu dans le silex ou le fer,
Dieu a placé cette faculté dans le corps et l’âme de l’Homme ».
Shabestarî

La raison n'est qu'un instrument du culte de la servitude  à l'égard de Dieu, on n'en saurait user pour s'approcher de sa Seigneurie.
Ibn Atta Allah Al Iskandari