dimanche, avril 28, 2013

Sommeil


Au moment de la prière du soir,
Quand le soleil se couche,
La voie des sens se ferme,
La voie de l'invisible s'entrouvre,
L'ange du sommeil conduit les âmes jusqu'au seuil
A la façon d'un berger qui veille sur son troupeau.
Dans l'au-delà de l'espace,
Au sein de la prairie spirituelle,
Quelles étranges cités, quels étranges jardins
Il leur fait apercevoir!
L'âme contemple mille formes et visages merveilleux
Quand le sommeil efface d'elle l'empreinte de ce monde.
On dirait que l'âme a toujours habité ce pays.
Elle ne se souvient plus d'ici-bas
Elle n'en éprouve pas de tristesse.
De toutes les choses matérielles
Pour lesquelles elle tremblait,
Elle s'est détachée de telle sorte que
Nul souci sur elle n'a plus de prise.

Jalâlud ud Dîn Rumî

lundi, mars 25, 2013

Cents ans




« Tous les plaisirs, les avoir voulus... et puis?
Tous les livres, les avoir lus... et puis ?
Khayyâm, tu vas vivre, admettons, cent ans.
Mettons, si tu veux, cent ans de plus... et puis ? »


Omar Khayyâm - Rubayât (traduction A.

Robin, NRF/poésie, Gallimard, Paris, 1994) :

jeudi, février 14, 2013

Accompagnement



N'abandonne pas ton âme et ne t'oppose pas à elle, mais suis-la et fouille-la pour ce qui est en elle. 

Cheikh Ahmad Al 'Alawî

lundi, janvier 28, 2013

les gens


« Quiconque regarde les gens à travers les yeux des gens finira par les haïr. Mais quiconque les observe avec le regard d’Allah, recherchant les créatures à cause de leur Créateur, les aimera »

Bayazid Al Bistami

vendredi, janvier 25, 2013

Sentier

Dis-moi, Frère, comment je puis renoncer à Maya.
Quand je défis le nœud de mes rubans, j’attachai encore mon vêtement autour de moi ;
Quand j’eus ôté mon vêtement, je couvris cependant mon corps de ses plis.
— Ainsi quand j’abandonne mes passions, ma colère demeure.
Et, quand je renonce à la colère, l’envie est encore en moi.
Et, quand j’ai vaincu l’envie, mon orgueil et ma vanité sont toujours là.
Quand l’esprit est libéré et qu’il a chassé Maya, il reste attaché à la lettre.
Kabir dit : « Écoute-moi, cher Sadhu, le vrai sentier est difficile à trouver. »


TELL me, Brother, how can I renounce Maya?
When I gave up the tying of ribbons, still I tied my garment about me:
When I gave up tying my garment, still I covered my body in its folds.
So, when I give up passion, I see that anger remains;
And when I renounce anger, greed is with me still;
And when greed is vanquished, pride and vainglory remain;
When the mind is detached and casts Maya away, still it clings to the letter.
Kabîr says, "Listen to me, dear Sadhu! the true path is rarely found."


Kabir

vendredi, janvier 18, 2013

Femme


La Femme est le rayon de la Lumière Divine
Ce n’est point l’être que le désir des sens a pour objet.
Elle est Créateur, faudrait-il dire ?
Ce n’est pas une Créature.

Jalâl ud Dîn Rumî

jeudi, janvier 17, 2013

Disparition-Apparition



Si le connu disparaissait, la connaissance apparaîtrait.

Ibn’ Arabi

Haillons



Le prochain, le voisin, le compagnon sont tous Lui ! Sous les haillons du mendiant et la pourpre du roi, c'est Lui.

Jami

Jardin


Aux jardins il y a mille belles aux visages lunaires,
Il y a des roses, des violettes qui sentent le musc,
Et cette eau qui tombe à goutte dans le ruisseau,
Tout est prétexte à méditation… il n'y a que Lui… que Lui.

Jalâl ud Dîn Rumî

Quitte-toi



Entendons-nous bien : fuir ceci, aller vers cela, éviter ces gens, rechercher manière ou occupation n’est que ton agitation. 
La cause de tes difficultés n’est pas dans les choses, c’est toi-même dans les choses. 
C’est pourquoi regarde-toi d’abord et quitte-toi. 
En vérité, tant que tu ne te libères pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes.

Maître Eckhart 

L'homme supérieur est celui qui se fuit soi-même pour obtenir la compagnie de son Seigneur.

Ibn 'Arabi, La parure des Abdals

jeudi, décembre 13, 2012

Lier






Dieu n’est pas ici, ni là ; celui qui veut le trouver doit se laisser lier les mains, les pieds, le corps et l’âme.

Angelus Silesius


mardi, décembre 11, 2012

Patrie


Dieu dit à Son ami :
Tu es l'étranger, je suis ta patrie.

Jami

Sage pensée


Saisis-toi d'une sage pensée là où tu la trouves. Car une sage pensée peut se retrouver dans le cœur de l'hypocrite, si tourmentée dans ce cœur là qu'elle finit par en sortir pour rejoindre ses semblables dans le cœur de l'homme de foi.

Ali Ibn Abi Taleb

mardi, octobre 30, 2012

Court chemin



Le plus court chemin vers Dieu passe par la porte de l'amour ;
Le chemin de la science t'y mène très lentement. 

Angelus Silesius

lundi, octobre 29, 2012

Quel monde ?



Un jour on a posé une question au cheikh al Alawi en lui disant « Dans quel monde voulez vous vivre ?». Il a répondu mais c'est simple « Dans un monde où quand quelqu'un sort le matin avec des provisions et qu'il parte pour faire le tour du monde, il revient sans avoir consommé ses provisions ; c'est à dire qu'il aura été reçu d'ami en ami, de frère en frère.» 

Cheikh Ahmad Al 'Alawî 

L'amitié fait le tour du monde et nous convie tous à nous réveiller pour la vie heureuse.

Epicure

mardi, septembre 25, 2012

Bien-Aimé


Ecoute, o bien aimé ! (Voix de la Sagesse divine)
Je suis la réalité du monde, le centre et la circonférence.
J'en suis les parties et le tout.
J'en suis la volonté établie entre le ciel et la terre.
Je n'ai crée en toi la perception que pour être l'objet de Ma perception.
Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même.
Mais tu ne saurais Me percevoir à travers toi.
C'est par Mon regard que tu Me vois et que tu te vois.
Ce n'est pas par ton regard que tu peux M'apercevoir.
Bien aimé !
Tant de fois T'ai-je appelé, et tu ne M'as pas entendu.
Tant de fois Me suis-je à toi montré, et tu ne M'as pas vu.
Tant de fois Me suis-je fait douce effluve, et tu ne M'as pas senti,
Nourriture savoureuse, et tu n'as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu M'atteindre, à travers les objets que tu palpes,
Ou Me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne Me vois-tu pas ? Pourquoi ne M'entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pour toi Mes délices surpassent toutes les autres délices,
Et le plaisir que Je te procure, dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi, Je suis préférable à tous les autres biens,
Je suis la Beauté, Je suis la Grâce.
Aime-Moi, aime-Moi seul.
Perds-toi en Moi, en Moi seul.
Attache-toi à Moi,
Nul n'est plus intime que Moi.
Les autres t'aiment pour eux-mêmes,
Moi, Je t'aime pour toi.
Et toi, tu t'enfuis loin de Moi.
Bien aimé !
Tu ne peux Me traiter avec équité,
Car si tu te rapproches de Moi,
C'est parce qu'alors Je me suis rapproché de toi.
Je suis plus près de toi que toi-même,
Que ton âme, que ton souffle.
Qui donc parmi les créatures
Agirait de cette manière avec toi ?
Je suis jaloux de toi contre toi
Je ne te veux à personne d'autre,
Ni même à toi-même.
Sois à Moi, pour Moi, comme tu es en Moi,
Sans même que tu en ais conscience.
Bien-Aimé !
Allons vers l'Union.
Et si nous trouvions la route
Qui mène à la séparation,
Nous détruirions la séparation.
Allons la main dans la main.
Entrons en la présence de la Vérité.
Qu'elle soit notre juge
Et imprime son sceau sur notre union
A jamais.

Ibn 'Arabi

Chant final du Livre des Théophanies,

cité par Henri Corbin dans : L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, p.137.

Höre, oh Mein Geliebter!
Du bist der Grund für das Dasein der Welt.
Du bist das Zentrum und die Sphäre.
Du bist ihr Ganzes und ihre Teile.
Du bist der Auftrag, der erteilt wurde zwischen Himmel und Erde.

Ich habe deine Wahrnehmung erschaffen,
nur damit du Mich darin wahrnimmst.
Und wenn du Mich wahrnimmst, nimmst du dich wahr.
Trachte nicht, Mich wahrzunehmen im Wahrnehmen deiner selbst.
Mit Meinem Auge siehst du Mich und dich.
Mit dem Auge deiner selbst siehst du Mich nicht.

Geliebter,
Wie oft habe Ich dich gerufen, und du hörst Mich nicht.
Wie oft stand Ich vor dir, und du siehst Mich nicht.
Wie oft enthüllte ich Mich in Wohlgerüchen, die du nicht einatmest,
und in Aromen, die du nicht schmeckst um Meinetwillen.

Was stimmt nicht mit dir,
dass du Mich nicht spürst, wenn du berührst?
Warum erkennst du Mich nicht im Duft des Moschus?
Warum siehst du Mich nicht? Warum hörst du Mich nicht?
Was ist los mit dir?
Was stimmt nicht mit dir?

Ich bin dein berauschendstes, dein allerhöchstes Entzücken.
Meine Sehnsucht nach dir brennt stärker
als jeder Wunsch nach etwas anderem.

Ich bin besser für dich als jedes andere Gut.
Ich bin der Schöne.
Ich bin die Anmut.
Liebe Mich, liebe Mich. Liebe Mich allein.
Begehre Mich heiß und innig.

Verzehre dich nach Mir,
entsage jedem anderen Anspruch.
Nimm Mich auf. Empfange Mich.
Keinen Vertrauten wirst du finden wie Mich.
Alles will dich für sich selbst,
doch Mir geht es um dich.
Du aber, du meidest Mich.

Geliebter,
du kannst Mich nicht treffen auf halbem Weg zu Mir.
Mein Entgegenkommen reicht hundertmal weiter
als deine Schritte hin zu Mir.
Ich bin dir näher als du selbst.
Und dein Selbst, das all dies tut,
ist anders als Ich – erschaffen.

Geliebter,
Ich bin eifersüchtig auf dich und wegen dir.
Ich ertrage es nicht, dich bei anderen zu sehen oder bei dir selbst.
Sei mit Mir und in Mir.
Sei, so wie du bist, bei Mir.

Dann, Mein Geliebter,
wirst du die Einheit noch nicht einmal fühlen.
Die Einheit!

Und sollten wir auf einen Pfad stoßen, der zur Trennung führt,
dann werden wir uns trennen von der Trennung.

Geliebter,
komm, lass uns Hand in Hand die Wirklichkeit betreten.
Sie soll unser Richter sein
mit dem Urteilsspruch der Ewigkeit.

Geliebtes Gegenüber,
wo Liebende sich streiten, findet sich keine Freude.
Genuss liegt im Beieinandersein.
Wie sagt doch der Dichter:
»Ich wünschte sie tot, so sehr liebe ich sie,
auf dass sie mir gegenübersteht am Jüngsten Tag.«

Oh, mein Herz!
Oh, mein Herz!

Übertragung aus dem Arabischen © Abraham Abadi und Aaron Cass
Deutsche Übersetzung © Robert Cathomas / Chalice Verlag

vendredi, août 17, 2012

Du dogmatisme



"Celui qui professe une foi dogmatique loue uniquement la divinité incluse dans sa profession de foi et à laquelle il se rattache. Les oeuvres qu'il accomplit lui reviennent, et en définitive, il ne fait que se louer lui-même. (...) L'éloge qu'il adresse à ce qu'il professe est donc un éloge qu'il s'adresse à lui-même. C'est pourquoi il blâme ce que professe autrui, ce qu'il ne ferait pas s'il était équitable.Celui qui se limite à cet objet d'adoration particulier est de toute évidence un ignorant, du fait même qu'il s'oppose aux convictions d'autrui au sujet de Dieu. S'il connaissait, en effet, la parole de Junayd: "la couleur de l'eau est celle de son récipient", il accepterait de chacun sa propre croyance; il connaîtrait Dieu en toute forme et en toute profession de foi. De lui n'émane qu'une opinion et non une science. C'est pour cela que Dieu a dit: "Je suis auprès de l'opinion que Mon serviteur a de Moi"; Je ne me manifeste à lui que dans la forme de sa croyance. Ainsi, la divinité des convictions dogmatiques est prisonnières des limitations; c'est donc la divinité que contient que le coeur de Son serviteur. La Divinité absolue, quant à Elle, ne peut être contenue par rien, car Elle est l'essence des choses et l'essence d'Elle-même.

Ibn 'Arabî (Fusûs al-Hikam)

«Dieu est l'embarras des intelligences parce que tout ce que tu conçois dans ta pensée et matérialises par ta parole comme étant Dieu, cesse pas là-même d'être Dieu, pour n'être plus que ta propre manière de le concevoir. Il échappe à toute définition.»

Tierno Bokar

lundi, août 06, 2012

Vues




Les vues fausses sont de ce monde, la vue juste en est la sortie, mais sachez bien que vues fausses ou vues justes doivent toutes deux disparaître.

Hui Neng

Si le monde paraît changer,

c'est à cause de nos vues fausses.
Inutile de rechercher la vérité,
abandonnez seulement les vues fausses.

Ne vous attachez pas aux vues duelles,
veillez à ne pas les suivre.
À la moindre trace de bien ou de mal,
l'esprit s'embrouille dans les complexités.

Sin Sin Ming



Critiques



Si vous pratiquez vraiment la Voie, vous ne verrez pas de faute en ce monde. Voir des sujets de critique en ce monde témoigne que l'on est soi-même critiquable !

Des critiques des autres, c'est le moi qui est responsable. De ces critiques, émises par le moi, on est naturellement coupable. Ce n'est que par la suppression de tout esprit de critique que seront totalement détruits les souillures, les passions, et les vains bavardages.

Hui Neng

mardi, juin 26, 2012

Poussière


Au moment de la mort, quand l'âme quitte le corps
Elle le laisse comme un habit ancien,
Elle redonne à la poussière ce corps qui était poussière
et façonne un corps fait de sa propre lumière ancienne.


Jalâl ud Dîn Rumî